En 2022, la Nouvelle-Calédonie a enregistré 265 cas de leptospirose, suivis de 229 cas en 2021. Au 10 décembre 2023, 152 cas ont été signalés dans 27 communes (Province Sud : 57 cas, Province Nord : 95 cas, Province des Iles : 0). Parmi eux, 130 personnes ont été hospitalisées (85 %), dont 46 ont nécessité des soins en réanimation (35 %), et le bilan tragique s’élève à 4 décès. Sur ces trois années, la Province Nord demeure la plus touchée. Focus sur cette maladie qui s’avère être un défi majeur pour les autorités sanitaires.
Qu’est-ce que la leptospirose ?
La leptospirose est une maladie bactérienne répandue à l’échelle mondiale. Cette bactérie survit aisément dans des environnements extérieurs tels que l’eau douce et les sols boueux, favorisant ainsi sa propagation. La maladie montre une nette saisonnalité, s’intensifiant lors des périodes chaudes et pluvieuses, communément appelée « saison des pluies ».
Les Leptospira infectent divers mammifères, se servant d’eux comme réservoirs et étant excrétés via leur urine. Ces bactéries peuvent subsister pendant plusieurs mois dans des conditions chaudes et humides. Certains métiers (comme l’agriculture et l’élevage) ainsi que les activités de loisirs nautiques (baignade, pêche, chasse, etc.) comportent un risque accru d’exposition.
Chez les humains, la bactérie entre principalement par des lésions cutanées ou les muqueuses. Bien que la maladie soit souvent légère, des complications, notamment une insuffisance rénale pouvant être mortelle dans 5 à 20 % des cas, peuvent survenir. L’incubation de la maladie varie de 4 à 14 jours. Bien qu’il existe un vaccin contre la leptospirose, son efficacité est limitée à certaines souches de la bactérie et est rarement utilisée en dehors des professionnels exposés.
La leptospirose dans le viseur de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie
Des initiatives de lutte sont en place, telles que le programme « Au fil de l’eau » du CRESICA, axé sur la gestion globale de l’eau, de ses usages et de sa gouvernance. Dans ce cadre, le projet ASSurPluHyT étudie les aspects sanitaires liés à la contamination par la leptospirose à Touho, utilisant une approche pluridisciplinaire.
Le projet SpiRAL, issu des résultats préliminaires d’ASSurPluHyT et mené en collaboration avec l’IRD, l’UNC et l’Institut Pasteur de Paris, bénéficie d’un financement initial du CRESICA et du soutien financier de l’Agence nationale de la recherche (ANR). Ces travaux visent à mieux comprendre les conditions favorables à la survie de la bactérie dans l’environnement et à trouver des moyens de lutte.
Mesures de prévention : les conseils AlloSanté
- Éviter de se baigner en eau douce, particulièrement lorsqu’on est porteur de plaies, et lorsque l’eau est trouble ou boueuse ;
- Éviter de marcher pieds-nus ou en sandales ouvertes sur un sol boueux, dans les flaques, eaux stagnantes, ravines (en particulier dans les départements ultra marins) ;
- Protéger les plaies du contact de l’eau par des pansements étanches ;
- Porter des équipements de protection lors : des activités professionnelles à risque et de la pratique de sports en eau vive ;
- Lutter contre les rongeurs, qui sont le réservoir de la maladie.
Chaque année, la recrudescence des cas coïncide avec la saison des pluies. Cette année, El Nino pourrait apporter un répit à la Nouvelle-Calédonie.