Vrai ou Faux : les encres de tatouages peuvent provoquer un cancer ?
Alors que nous faisons de plus en plus attention à la pollution de l’air, à notre alimentation, ou à notre activité physique, qu’en est-il de l’introduction d’encres de tatouage dans le derme de notre peau ?
Zoom sur cette pratique et nos conseils pour se faire tatouer en toute sécurité.
Le tatouage s’affiche aujourd’hui sans complexe sur de nombreux corps. Selon un sondage IFOP de 2018, un Français sur cinq était tatoué. Depuis, cette tendance est à la hausse, nous rapprochant ainsi de nos voisins italiens, suédois ou américains, dont presque la moitié arbore déjà un tatouage.
Malgré cette popularité, la sensibilisation du public aux risques possibles pour la santé demeure assez faible. Outre le potentiel du tatouage à provoquer une irritation cutanée en réponse à une trop forte exposition au soleil ou à provoquer une infection bactérienne liée à une mauvaise hygiène, les encres de tatouage sont généralement considérées comme sûres par les tatoueurs, les fabricants d’encre et surtout les consommateurs.
Le tatouage augmente-il le risque de cancer ?
La crainte d’un lien entre l’encre de tatouage et le cancer est fréquente.
En cause, le fait que les pigments sont délivrés en profondeur sous l’épiderme, ainsi que la composition de certaines encres qui présentent des éléments potentiellement cancérogènes. On retrouve des métaux lourds tels que l’arsenic, le plomb, le cadmium, le nickel, le chrome… qui présentent un degré inquiétant de toxicité pour l’organisme.
Pour autant, à ce jour, aucun lien n’a été prouvé entre le tatouage et le cancer, et l’apparition d’un cancer cutané est actuellement considérée comme fortuite.
Cependant, les dermatologues, les autorités de santé comme l’ANSES ou le Haut conseil de la santé publique, ou encore l’Union Européenne surveillent de près les encres et leur potentiel lien avec le cancer. Notamment les encres de couleurs (rouge, rose, orangée et jaune), plus rares, mais qui semblent présenter un risque accru pour notre santé.
Se faire tatouer n’est pas sans risque.
Bien que le tatouage soit mieux encadré et pratiqué dans le cadre de règles d’hygiène plus strictes, le risque zéro n’existe pas. Si l’expérience se déroule pour le mieux dans la très grande majorité des cas, se faire tatouer peut provoquer des effets secondaires non désirés. Ces complications restent pour la plupart bénignes.
- Éruptions cutanées liées à une réaction allergique,
- Inflammations dues à la blessure causée au tissu cutané par l’appareil ou à l’injection d’un corps étranger dans la peau,
- Infections et hépatites transmises lors de la réalisation du tatouage par manque d’hygiène.
Plusieurs études réalisées en France (DASS) et au Canada ont clairement établi le lien entre hépatites et tatouages, avec un risque de contamination accrue pour les personnes tatouées à plusieurs reprises. La direction des Affaires sanitaires et sociales met en garde sur les risques sanitaires liés aux tatouages réalisés en dehors des salons déclarés.
Attention aux risques moins visibles.
Bien qu’aucun lien n’ait été établi entre le tatouage et le développement du cancer, il peut toutefois masquer son apparition, et malheureusement prévenir une détection précoce. Ce peut être le cas, si le professionnel tatoue accidentellement un grain de beauté ou une lésion suspecte. En cas de doute, n’hésitez pas à consulter un dermatologue.
Aussi, les pigments peuvent migrer dans les ganglions lymphatiques régionaux, voire les colorer et poser à tort le diagnostic de métastase ganglionnaire de mélanome (Note : la lymphe et a fortiori les ganglions interagissent avec l’ensemble du système immunitaire). Cependant, aucune étude n’a établi de lien entre une potentielle complication et la quantité infinitésimale de pigments nomades présents dans l’organisme. Mieux, certaines études ont mis en évidence que le fait de se faire tatouer stimulait notre système immunitaire, et une pratique répétée « pourrait » le renforcer.
Comment se faire tatouer en toute sécurité ?
Depuis 2017, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a publié une liste avec des codes couleurs pour indiquer le niveau d’hygiène dans les salons de tatouage, et en 2022, suivant le principe de précaution, l’Union Européenne a également interdit 27 pigments.
Voici nos recommandations pour se faire tatouer en toute sécurité :
- Nous vous recommandons de faire à un professionnel déclaré, et d’éviter absolument les tatoueurs clandestins.
- Préférez les salons avec un code couleur vert, justifiant du respect stricte des règles d’hygiène.
- N’hésitez pas à discuter avec le professionnel avant de vous faire tatouer, et à vous renseigner sur la procédure en amont.
- Assurez-vous que votre tatoueur maîtrise le « chemin » d’asepsie (lavage des mains, port des gants, matériel à usage unique ou traçabilité des instruments stérilisés)
- Si c’est votre première fois, commencez par un petit tatouage (pour vérifier que vous n’êtes pas allergique).
- Éviter les zones qui comptent trop de grains de beauté, et les cicatrices.
- Privilégiez les encres noires qui sont jugées plus sûres et que la peau tolère mieux, elles sont aussi plus faciles à détatouer.